Mon coup de gueule sur l’affaire de l’usine de Seydou Keita

Je vois plusieurs publications sur les réseaux sociaux concernant cette affaire, mais seules quelques-unes abordent réellement le problème. Pour certains « émotifs », il s’agirait de la mauvaise volonté des consommateurs maliens d’acheter le produit de l’enfant prodige. Pour d’autres, l’État serait incapable de protéger un fils du pays qui, après avoir honoré toute la nation sur la scène internationale dans le football, veut aider le pays en contribuant à son industrialisation. Ainsi, il faudrait inciter la population à acheter les produits de Seydoublen en consommant local. D’autres encore, toujours prompts à critiquer l’État sans chercher à comprendre, ont déjà entamé leur sport favori : le dénigrement. Selon eux, l’État devrait mieux soutenir les investisseurs locaux.

Ils ont tous raison. Du moins, c’est ce qu’ils pensent : nos experts des réseaux sociaux, qui, faut-il le préciser, sont experts en tout et sur tout.

Sur cette question, certains de nos confrères journalistes se lancent déjà dans des diatribes contre Seydou, lui reprochant d’avoir préféré les acteurs des réseaux sociaux à eux, les « vrais » professionnels. Ces mêmes journalistes, vous l’aurez peut-être remarqué comme moi, ne sont pourtant visibles et lisibles que sur ces mêmes réseaux sociaux. Paradoxal, non ?

Bon, soit. Ce que je sais et ce que je pense, en tant qu’acteur des réseaux sociaux (et non d’un média), c’est qu’ils ont tous raison. Oui, au Mali, tout le monde a raison. Le problème, c’est toujours l’autre ou l’État. Ici, ce sont les chefs de famille qui, se battant pour nourrir leurs proches en achetant tout sur le marché, refusent de payer l’huile de Seydou et de consommer local. Il faudrait donc une campagne pour les sensibiliser. Ensuite, c’est l’État qui ne veut pas aider notre bien-aimé Seydou, ce qui n’encouragerait pas d’autres compatriotes à emboîter le pas. Ou bien, peut-être, Seydou lui-même ne veut pas la réussite de son business puisqu’il multiplie les erreurs, comme celle d’avoir choisi les « videomens » plutôt que les journalistes ? Voici, en gros, ce que nous avons eu droit toute la journée du vendredi 28 février2025 sur cette affaire.

Pourtant, aucune analyse sur le véritable problème. Or, pour celui qui a bien écouté l’interview de Seydou, les choses sont claires :

1. L’État, à travers le ministère du Commerce et de l’Industrie, l’a bien accompagné, lui et les autres producteurs locaux.

2. Pour l’instant, il n’a pas encore mis son huile SDA sur le marché. Oui, ce même produit que les Maliens auraient soi-disant refusé de consommer au profit de l’huile importée. Le même produit pour lequel nous devons mener une campagne… alors que le propriétaire affirme lui-même qu’il n’est pas encore disponible.

3. Il (Seydou) veut nous préparer à acheter son huile à un prix relativement élevé, car les matières premières sont chères, malgré les efforts de l’État, notamment du ministère du Commerce, pour réguler leur coût et rendre le produit fini plus accessible.

Voilà les trois points essentiels de son intervention.

Je n’y étais pas et je ne l’ai pas suivi dans un média traditionnel, hein. J’ai écouté sur les réseaux sociaux via des plateformes appartenant aux « videomens ». En moins de 24 heures, j’ai eu accès aux messages de Seydou. Son objectif est donc atteint. Pour la compréhension du problème, j’ai fait l’effort nécessaire moi-même, comme je le faisais auparavant avec les médias avant que l’espace médiatique ne soit colonisé par les « videomens ».

Maintenant, la vraie question est : que faut-il faire pour aider notre bien-aimé Seydoublen ?

Primo, il faut aider l’État à soutenir nos producteurs. Pour cela, il faut des moyens et plus d’engagement de nos faîtières de l’agriculture. Et l’État, où trouve-t-il ces moyens ? Dans nos taxes et impôts. Car nous voulons être souverains, or cela implique d’énormes sacrifices. Nous devons mettre la main à la poche et accepter de financer nous-mêmes notre développement. Ce n’est qu’ainsi que les autres nous prendront au sérieux et accepteront de nous soutenir dans cette voie. Oui, nous devons accepter de payer ces 100 FCFA de plus, voire plus, car nos ambitions sont grandes et tous les secteurs souffrent. Il faut énormément de ressources pour résoudre nos problèmes.

Secundo, nous devons nous préparer à payer aussi un peu plus cher l’huile de Seydou, car il propose un produit de qualité, contrairement aux huiles importées, disponibles à bas prix mais dont nous ignorons souvent la composition. C’est là une question essentielle. Pour alimenter notre pays en huile accessible à tous, nos grands importateurs font venir du « n’importe quoi ». Il faut le dire : ces huiles bon marché ne sont pas comparables à celles de Seydou. C’est du moins ce que j’ai compris de son message. Génial, non ? Et cela, grâce aux « videomens ».

Tertio, il faut que nos journalistes sortent de leur zone de confort. Qu’ils acceptent que les temps ont changé. Qu’ils s’investissent. Qu’ils réoccupent leur espace et pratiquent un journalisme de proximité, à l’instar des « videomens ». Car c’est là le problème : nos journalistes ne font pas de journalisme de terrain, ou alors très peu. Pendant longtemps, ils ont servi de caisses de résonance aux pouvoirs publics et aux partis politiques. Au Mali, les meilleurs journalistes, ceux dont l’histoire retient les noms, sont soit des journalistes politiques, soit des animateurs de radio faisant des revues de presse « comiques », soit encore des journalistes sportifs, ces derniers ayant au moins un mérite : ils sont proches de leur public et pratiquent un journalisme de proximité… sportif. Oui, cela existe !

Il faut que les journalistes proposent du contenu de meilleure qualité sur les sujets d’actualité. Qu’ils exploitent pleinement les réseaux sociaux, l’arène des « videomens », pour offrir un contenu professionnel et accessible. Qu’ils sortent du rôle de victimes et acceptent de cravacher pour mériter leur titre. Qu’ils abandonnent l’idée que « chaque journaliste doit avoir son propre média ». Que les patrons de presse investissent dans la formation et le traitement de leurs employés, au lieu de tout accaparer. Qu’il y ait moins de titres, mais avec un véritable contenu. Que les journalistes soient unis, non pas à travers une multitude d’associations, mais sous une grande faîtière. Mais en attendant ce jour, les investisseurs comme Seydou continueront de faire appel aux « videomens ». Et ils n’auront pas d’autre choix, car c’est la seule option viable aujourd’huipour informer le public malien. 

Tientigui

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